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JOURNAL

C’est comme cela qu’on me reçoit, pas même une voiture ! Avez-vous eu ma lettre ? — Non, mais je viens de recevoir le télégramme et et je suis accouru. J’espérais arriver pour le train, je suis tout en poussière. Pour venir plus vite, je suis monté dans la troïka du petit E… Et je vous ai écrit une jolie lettre. Comme la dernière dépêche ? Presque.

— Fort bien… oui, fort bien. Je suis comme ça, moi, on me sert. Comme moi ; mais, vois-tu, je suis capricieux comme un diabłe.

Et moi comme deux. Tu es habituée à ce qu’on te coure après, comme des toutous.

Et il faut qu’on me coure après, sans cela, rien ! — Ah ! non, ça ne peut pas aller avec moi de la sorte.

— C’est à prendre ou à laisser. Mais pourquoi me traiter en « mon père ». Je suis un bon vivant, un jeune homme, voilà ! — Parfait, et tant mieux. Je ne suis pas seul, je suis avec le prince Michel E… et Paul G…., ton cousin. — Faites-les entrer.

E… est un parfait petit gommeux exécrablement amusant, ridicule, saluant bas, englouti dans un pantalon trois fois la largeur naturelle, et dans un col jusqu’aux oreilles.

L’autre se nomme Pacha (1) ; son nom de familie est trop difficile. C’est un fort et robuste garçon, chatain (1) Diminutif de Paul,