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JOURNAL

qui vint prendre nos paquets ota sa casquette et nous salua comme des amis, avec un large sourire plein de respect.

On est loin de l’effronterie française et de la gravité allemande si bête et si lourde. Je ne cessais de regarder par la fenétre du carrosse qu’on nous avança pour aller à l’hôtel. Il fait frais, mais non de cette fraicheur humide et malsaine de Pétersbourg. La ville, la plus grande de l’Europe comme étendue de terrain, est ancienne ; les rues sont pavées de grosses pierres irrégulières, elles sont elles-mêmes irrégulières : on monte, on descend, on tourne à chaque instant au milieu de maisons de peu d’étages, , souvent à un étage seulement, mais hautes avec de larges fenêtres. Le luxe de l’étendue est une chose si commune ici qu’on n’y fait pas attention, et on ne sait pas ce que c’est d’étages l’un sur l’autre. Le « Bazar-Slave » est un hotel comme le Grand Hôtel de Paris, on y trouve mėme le grand restaurant rond qu’on voit du premier, comme du balcon d’une salle de spectacle. Mais, quoique peut-être pas aussi luxueux que le Grand Hôtel, le Bazar-Slave est infiniment plus propre et infiniment moins cher, et surlout en comparaison de l’hôtel Demouth. Les portiers des maisons sont habillés d’une veste noire, de pantalons dans des bottes qui leur viennent jusqu’aux genoux, et d’une toque en astrakan. En général on aperçoit beaucoup de costumes nationaux, tout le peuple porte son costume et on ne voit pas les odieuses jaquettes allemandes, et les enseignes allemandes sont plus rares ; mais il y en a, je le dis avec regret, il y en a. Je me suis atlendrie en choisissant un fiacre, lea que

l’amoncellement