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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

militaires au son de la musique, l’oreille au guet, l’eil hrillant et l’humeur joyeuse… Rentrée, j’ai trouvé un souper, mon oncle Etienne et de l’argent que m’envoie l’oncle Alexandre. Je mangeai le souper, renvoyai l’oncle et cachai l’argent. Et ålors, chose étrange, je sentis un grand vide, une espèce de tristesse ; je me regardai dans la glace, j’avais les yeux comme le dernier soir à Rome. Le souvenir me revint dans le ceur et dans la tête. L’autre soir, il me priait de rester encore un jour, je fermai les yeux et me crus alors là-bas. Je resterai, murmurai-je comme s’il était là, je resterai pour mon amour, pour mon fiancé, pour mon bien-aimé ! Je t’aime, je veux t’aimer, tu ne le mérites pas, peu m’importe, il me plait de t’aimer…. Et faisant tout à coup quelques pas dans la chambre, je me mis à pleurer devant le miroir ; les larınes en petite quantité m’embellissent assez. M’étant excitée par caprice, je et me mis à écrire en riant doucement de moi-même. Souvent ainsi je m’invente un héros, un roman, un drame, et je ris et je pleure de mon invention comme si c’était la réalité.

Je suis enchantée de Pétersbourg, mais on n’y dort pas ; il fait déjà jour, les nuits sont si courtes. —

me calmai par fatigue Jeudi 10 août (29 juillet) 1876.-Ce soir estun soir mémorable. Je cesse définitivement de considérer le duc de H… comme mon ombre chérie. J’ai vu chez Bergamasco un portrait du grand-duc Vladimir. Je ne