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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

se signent au milieu de la rue, comme s’ils étaient chez eux.

Après la cathédrale d’Issakië nous allâmes à celle de Kasan. Encore un mariage, et une mariée charmante. Cette cathédrale est båtie à l’imitation de Saint-Pierre de Rome, mais la colonnade a l’air de trop, elle semble ne pas se rattacher au bâtiment, et elle n’est pas assez prolongée, de sorte que le demi-cercle n’est pas formé, et tout cela donne une tournure désavantageuse et, non achevée au monument. Plus loin, sur le Newsky, la statue de Catherine la Grande.

Et devant le Sénat, près du palais d’hiver, qui est, soit diten passant, une immense caserne, la statuė éauestre de Pierre le Grand, d’une main montrant le Sénat, de l’autre la Néva. Le peuple interprète singulièrement cette double indication. Le tzar, dit-on, montre le Sénat d’une main et la rivière. de l’autre, pour dire qu’il vaut mieux se noyer dans la Néva que plaider au Sénat.

La statue de Nicolas est remarquable en ce qu’elle n’est pas soutenue par les deux jambes et la queue du cheval, trois appuis, mais seulement par les jambes ; cette merveille m’a fait faire une lugubre réflexion : — Les communards auront moins à faire, l’appui de la queue manquant.

J’ai diné seule avec mes Grâces, Etienne et Paul pour spectateurs ; ils se disent très sérieusement ma cour ; ils m’agacent horriblement, Je voudrais ne voir que Giro et Marie

Il pleut et je suis enrhumée. J’écris à maman : « Pétersbourg est une saleté ! Les pavés sont atroces pour une capitale, on est impitoyablenent secoué ; le palais d’hiver est une caserne, le grand théâtre aussi ; les M, B.

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