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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

gaie ce soir, parce que je sentais qu’Issayevitch était content de me voir ? Est-ce de l’égoïsme ? Je me réjouissais uniquement du plaisir que je procurais à un autre. Enfin voilà un cavalier pour me servir à Pétersbourg ; je suis à Pétersbourg ! Mais je n’y ai encore vu que des drochki. Le drochki est une voiture à une place, à huit ressorts (comme les grandes voitures de Binder), et à un cheval ; j’ai aperçu la cathédrale de Casan avec sa colonnade dans le genre de Saint-Pierre de Rome, et beaucoup de « maisons à boire ».

De tous côtés j’entends les louanges de la princesse Marguerite — si simple, personne n’apprécie la simplicité dans une femme qui n’est pas princesse ; soyez simple, et bonne, et aimable, et ne soyez pas reine, et les inférieurs se permettront. des libertés, tandis que vos égaux diront : Bonne petite personne ! et vous préféreront en tout des femmes qui ne sont ni simples ni bonnes. Ah ! si j’étais reine ! C’est moi qu’on adorerait, c’est. moi qui serais populaire ! La princesse italienne, son mari et sa suite n’ont pas encore quitté la Russie, ils visitent Kieff en ce moment. « La mère de toutes les yilles russes, » comme a dit le grand prince saint Woldemar, après être devenu chrétien et avoir baptisé la moitié de la Russie dans le Dnieper.

Kieff est la ville la plus riche du monde en églises, couvents, moines et reliques ; et quant aux pierres précieuses que possèdent ces couvents, c’est fabuleux ; il y a des caves qui en sont pleines comme dans les contes des Mille et une Nunts. J’ai vu Kieff, il y a huit ans de cela, et je me souviens encore de ses corridors souterbonne ! dit-on. Simple,

rains, remplis de reliques, qui font le tour de la ville,