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JOURNAL

Il faut fermer les yeux sur tout ce qui a été fait entre le genre primitif et le genre moderne (1), et ne considérer que ces deux. La dureté, les couleurs aveuglantes, les lignes rudement tracées, voilà pour le premier. Le moelleux, les couleurs si liées entre elles qu’elles perdent beaucoup de relief, peu de lignes, voilà pour le second.

A présent, il faudrait, pour ainsi dire, prendre avec le bout du pinceau les couleurs trop vives des tableaux anciens et les transporter sur les fadeurs modernes. Alors on aurait la perfection. Il y a encore le genre tout à fait nouveau qui consiste à peindre par taches. C’est une grave erreur, bien qu’avec son aide on obtienne quelque effet. Dans les nouveaux tableaux, les objets positifs, tels que les meubles et les maisons ou églises, ne sont pas compris. On dédaigne la précision des décors et on produit une espèce de dépravation des lignes, on estompe trop (on peut estomper sans faire l’usage de l’estompe) ; ce qui fait que les figures contrastent peu et semblent aussi mortes que les objets qui les entourent, car ces objets n’ont pas assez de précision et semblent ne pas être complètement assis et immobiles. Alors,

ma fille, puisque tu comprends si hien ce qu’il faut pour faire de la perfection ?… Soyez tranquille, je travaillerai et, ce qui est mieux, je réussirai

!

Je suis rentrée extrêmement fatiguée, après avoir (1) Par moderne, j’entends ici Raphaël, Titien et les autres grands maîtres