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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

Comme toujours, ce furent les statues qui me retinrent le plus longtemps, et il me semble que j’ai un sens de plus que les autres hommes, une faculté spécialement destinée à la compréhension des statues. Il y a dans la grande salle une statue que j’ai prise pour une Atalante, à cause d’une paire de sandales qui semble là indiquer le sens principal ; mais l’inscription porte le nom de Psyché. C’est égal, Psyché ou Atalante, c’est une remarquable figure comme beauté et naturel. Après

les plâtres grecs, nous avons passé plus loin. J’avais déjà les yeux et l’intelligence fatigués, et je ne reconnus la partie égyptienne qu’à ces lignes pressées et fuyantes qui rappellent les cercles produits dans l’eau par la chute d’un objet. Rien de plus terrible que d’ètre avec quelqu’un qui s’ennuie de ce qui nous amuse. Ma tante se pressait, s’ennuyait, grognait. Il est vrai que nous avions marché deux heures.

Ge qui est très intéressant, c’est le musée historique des miniatures, des statues, et puis les anciennes gravures et les portraits miniatures. J’adore cela. J’adore ces portraits et, en les regardant, ma fantaisie fait des voyages incroyables, se transporte à toules les époques, invente des caractères, des aventures, des drames… Mais assez.

Puis les tableaux. Nous sommes arrivés au moment marqué pour la perfection de la peinture, l’idéal de l’art. On a commencé par des lignes dures, des couleurs trop vives et pas liées entre elles, et l’on est arrivé à une mollesse qui frise la confusion. Il n’y a pas encore eu, quoi qu’on dise et écrive, il n’y a pas encore eu de copie fidèle de la nature.