Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 1.pdf/223

Cette page n’a pas encore été corrigée
220
JOURNAL

Après diner, nous sommes restés longtemps sur le perron à jouir de la fraicheur de l’air et de la vue des innombrables

voyageurs qui passent et repassent par la cour.

Je dois étudier avec Wartel. Et Rome ? On y songera…

Il est tard, je dirai cela demain. Dimanche 16 juillet.

de Mle K…, princesse de S…, tous les mauvais instincts se réveillent en moi, c’est-à-dire l’envie ! Cette fille, si misérable à Nice, si commune avec ses joues rouges et son gros nez moldave ! Elle est belle, mais c’est une beauté que je voudrais avoir pour femme suivante, habillée d’un costume bizarre, une femme pour me chausser et pour me rafraichir avec un grand éventail. Et la voilà reine, et reine dans un moment de trouble, c’est-à-dire dans un moment inappréciable pour les ambitieuses. Certes, sa place est marquée dans l’histoire. Et moi ! l !

Quand je pense au bonheur Mardi 18 juillet.

— C’est aujourd’hui que j’ai vu des choses bien extraordinaires. Nous sommes allées chez le célèbre somnambule Alexis. Il ne donne presque plus d’autres consultations que des consultations pour la santé On nous a fait entrer dans une chambre demi-éclairée, et comme Mme de M… avait dit : « Nous ne sommes pas pour la santé », le médecin sortit, nous laissant seules avec l’homme endormi. Un homme, cela m’a rendue incrédule et surtout l’absence de tout charlatanisme extérieur.