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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

— les parents voudraient savoir à quoi s’en d’Italie ;

tenir sur son avenir musical. M. Wartel a dit qu’il l’attendrait demain, et c’est avec grand’peine qu’il a jaccordé cette auditíon à quatre heures.

Nous arrivons à trois heures. On nous laisse pénétrer dans une antichambre ; nous voulons aller plus toin, mais un domestique nóus barre le passage et ne nous laisse passer que lorsqu’on lui dit que ce sont des dames que M. Wartel attend. On nous fait entrer dans un petit salon attenant à celui où se tient le maitre, en train de donner une leçon. C’est pour quatre heures, madame, dit un jeune homme en entrant.

Oui, monsieur, mais vous permettrez que cette jeune fille écoute.

Sans doute, madame. Pendant une heure, nous écoutons le chant de la femme anglaise : une vilaine voix, mais une méthode ! Je n’ai jamais entendu chanter comme cela. El je me souvins avec indignation de Faccioti, de Tosti, de Creschi.

Les murs du salon où nous nous trouvons sont tout couverts des portraits des plus grands artistes connus, avec les dédicaces les plus affectueuses. Enfin, quatre heures sonnent, l’Anglaise s’en va. Jeme sens trembler et je perds mes forces. Wartel me fait un signe qui veut dire : Entrez ! Je ne comprends pas.

Entrez donc ; mademoiselle, fait-il, entrez ! J’entre, suivie de mes deux protectrices, que je prie de retourner dans le petit salon, car elles m’intimideraient et, en réalité, j’ai très peur.