Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 1.pdf/212

Cette page n’a pas encore été corrigée
209
DE MARIE BASHKIRTSEFF.

Reposons mon esprit fatigué par tous ces bonds vers l’infini, Revenons à A…., et encore cela ! Un enfant ! Un misérable !

Non ! ne serait-ce pas plutột qu’il ne m’aime pas

tout à fait ? Il m’aime comme je l’aime. Oh ! alors, ça ne vaut pas la peine d’en parler… Non. Le principal, c’est que je laisse ici mon journal. Voilà ce cahier terminé ! Arrivée à Paris, j’en commencerai un autre qui me suffira sans doute pour la Russie.

Personne ne fera attention à un cahier à la douane. J’emporte la dernière lettre de Piétro. Je viens de la relire. Il est malheureux ! Aussi pourquoi n’a-t-il pas plus d’énergie que cela ? J’en parle bien å mon aise, moi, dans ma position despotiquement exceptionnelle, mais lui ?… Et ces Romains !… G’est quelque chose d’inoui. Pauvre Pietro ! Ma głoire future m’empêche d’y penser sérieusement. 1l semble qu’elle me reproche les pensées que je lui consacre. Chère divinité, rassure-toi. Pietro n’est qu’un amusement, une musique pour couvrir les lamentations de mon dme. Et cependant je me reproche d’y penser, puisqu’il ne me sert å rien ! Il ne peut pas même être le premier échelon de cet escalier divin au haut duquel se. trouve l’ambition satisfaite. Grand Hôtel.— Paris, 4 juillet. Amor, ut lacryma, oculo oritur in pectus cadit. PUBLIUS SYRUS.

Mercredi, 5 juillet. — Hier à deux heures, j’ai quitlté Nice avec ma tante et Amalia (ma femme de chambre). M, B.

18.