— Mais ce n’est rien, dit mon impatient amoureux.
— Vous en parlez bien à votre aise, monsieur. Si on venait, vous en seriez flatté, et moi je serais perdue.
La tête renversée, je le regardai à travers mes cils.
— Avec moi ? dit-il, se méprenant au sens de mes paroles, avec moi ? je vous aime trop ; vous êtes en sûreté.
Je lui tendis la main en entendant ce noble langage.
— N’ai-je pas toujours été convenable et respectueux ?
— Oh ! non, pas toujours. Une fois vous vouliez même m’embrasser.
— Ne parlez pas de cela, je vous en prie. Oh ! je vous ai tant priée de me pardonner ! soyez bonne, pardonnez-moi.
— Je vous ai pardonné, dis-je doucement.
Je me sentais si bien ! — Est-ce donc cela, pensai-je quand on aime ? Est-ce sérieux ? Il me semblait toujours qu’il allait rire, tant il était grave et tendre.
J’abaissai mon regard sous l’éclat extraordinaire du sien.
— Mais voyez, de nouveau nous avons oublié de causer de nos affaires, soyons sérieux et causons.
— Oui, causons.
— D’abord, comment faire, puisque vous partez demain ? Ne partez pas, je vous en prie, ne partez pas !
— C’est impossible ; ma tante…
— Elle est si bonne ! Oh ! restez.
— Elle est bonne, mais elle ne consentira pas. Ainsi, adieu… peut-être pour toujours !
— Non, non, puisque vous consentez à être ma femme.