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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

— Peut-être !

— C’est affreux !

— Je vous aime, dit-il pour la centième fois.

Et il est sorti en pleurant. Je me suis approchée de la table où était ma tante et je lui dis, en russe, que le moine m’a fait des compliments que je raconterai demain.

Il est encore revenu et je lui ai dit adieu.

— Non, pas adieu.

— Si, si, si. Adieu, monsieur, je vous ai aimé jusqu’à cette conversation. (1881. — Je ne l’ai jamais aimé, tout cela était l’effet d’une imagination romanesque en quête de roman.)

— Ah ! tant pis, je l’ai dit, je vous ai aimé, j’ai eu tort, je le sais.

— Mais… commença-t-il.

— Adieu !

— Vous n’allez donc plus à Tivoli à cheval, demain ?

— Non.

— Et ce n’est pas la fatigue qui vous y a fait renoncer ?

— Non ! La fatigue n’est qu’un prétexte, je ne veux plus vous voir.

— Mais non ! Ce n’est pas possible, disait A… en me tenant les mains.

— Au revoir !

— Vous m’avez dit de parler à mon père et de venir à Nice ? dit A… sur l’escalier avant de s’en aller

— Oui.

— Je ferai cela, et je viendrai coûte que coûte, je vous le jure.

Et il partit.

Depuis trois jours, j’ai une nouvelle idée, c’est que je vais mourir : je tousse et je me plains. Avant-hier je