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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

ce qui m’a toujours épouvantée. Vivre, avoir tant d’ambition, souffrir, pleurer, combattre et, au bout, l’oubli !… l’oubli… comme si je n’avais jamais existé. Si je ne vis pas assez pour être illustre, ce journal intéressera les naturalistes ; c’est toujours curieux, la vie d’une femme, jour par jour, sans pose, comme si personne au monde ne devait jamais la lire et en même temps avec l’intention d’être lue ; car je suis bien sûre qu’on me trouvera sympathique… et je dis tout, tout, tout. Sans cela, à quoi bon ? Du reste, cela se verra bien que je dis tout…


Paris, 1er mai 1884.