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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

serai de nouveau à Rome, tant pour les courses que pour le Colisée.

— Oh !

— Oui, j’irai avec ma tante. Et je serai si bien, sans toi, sans maman, avec ma tante ! Nous nous promènerons en victoria et je m’amuserai beaucoup.

— Eh bien, dit maman, cela se fera, je te le promets !

Et elle m’embrassa sur les deux joues.


Vendredi 28 avril. — Je me suis endormie et j’ai fait des rêves affreux comme des cauchemars.

À onze heures, je me couchais pour ne pas voir les oliviers et la terre rouge, et à une heure nous arrivions à la gare de Nice, à la grande joie de ma tante qui s’agitait, en compagnie de Mlle Colignon, Sapogenikoff, etc., etc.

— Vous savez, leur criai-je, avant que les portières fussent ouvertes, je suis bien fâchée de revenir ici, mais je n’ai pu faire autrement.

Et je les ai embrassés tous à la fois.

La maison est meublée d’une façon adorable ; ma chambre est éblouissante, toute capitonnée en satin bleu ciel, En ouvrant la porte du balcon et en regardant notre très joli jardin, la promenade et la mer, je fus obligée de dire tout haut :

On a beau dire, il n’y a rien d’aussi splendidement simple et adorablement poétique que Nice.


Jeudi 4 mai. — La vraie saison de Nice est au mois de mai. Il fait beau à en devenir folle. Je suis allée rôder dans le jardin par le clair d’une lune toute jeune encore, au chant des grenouilles accompagné du murmure des vagues qui viennent doucement se