tourneriez vers lui, et lui feriez un signe avec l’œil, et vous ririez !
— Moi, hypocrite ! oh ! si c’est ainsi, bien, bien !…
— Vous martyrisez votre cheval ; descendons.
— Vous ne croyez pas que je vous aime ? dit-il encore en cherchant mes yeux et en se baissant vers moi, avec une expression de sincérité qui m’a fait palpiter le cœur.
— Mais non, dis-je faiblement. Tenez votre cheval et descendons.
Toutes ses tendresses étaient encore mêlées de préceptes d’équitation,
— Peut-on ne pas vous admirer ? dit-il en s’arrêtant, quelques pas plus bas que moi et en me regardant. Vous êtes belle, reprit-il, seulement je crois que vous n’avez pas de cœur.
— Au contraire, j’ai un excellent cœur, je vous assure.
— Vous avez un excellent cœur et vous ne voulez pas aimer !
— Cela dépend.
— Vous êtes une enfant gâtée, n’est-ce pas ?
— Pourquoi ne me gâterait-on pas ? Je ne suis pas ignorante, je suis bonne, seulement je suis emportée.
Nous descendions toujours, mais pas à pas, car la descente était très rapide et les chevaux s’accrochaient aux inégalités du terrain, aux touffes d’herbes.
— Moi, j’ai un mauvais caractère, je suis furieux, emporté, colère ; je veux me corriger… Sautons ces fossés, voulez-vous ?
— Non.
Et j’ai passé par un petit pont pendant qu’il sautait le fossé.