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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

Flowden m’ennuie en voulant sans cesse rester avec moi.

Pietro s’inquiète de ce que fait maman qui nous suit en landau.

Une fois seule avec le Cardinalino, la conversation tombe naturellement sur l’amour.

— L’amour éternel, c’est la tombe de l’amour, dit le petit ; il faut aimer un jour, puis changer.

— Charmante idée ! C’est votre oncle le cardinal, qui vous l’a enseignée ?

— Oui, dit-il en riant.

Misérable fils de chien et de prêtre, je crois qu’il m’a fâchée sérieusement par cette vérité dite de son air calme !

Une fois en rase campagne, nous prenons le galop, sautons des fossés et allons comme le vent. C’est adorable. Il monte parfaitement à cheval.


Mardi 7 mars. — À force de dire des bêtises, je suis tombée amoureuse de ce garnement. On ne peut pas dire que ce soit de l’amour ; il a donné son portrait à maman, et, une fois lui parti, je l’emporte chez moi, je le regarde, et je le trouve charmant, et je m’endors en y songeant. Et je le vois dans ma fantaisie, et je trouve tant de choses à lui dire !…


Mardi 8 mars. — Je vais mettre mon amazone, et à quatre heures je me trouve à la porte du Peuple, où le Cardinalino m’attend avec deux chevaux. Maman et Dina suivent en voiture.

— Prenons par ici, dit mon cavalier.

— Prenons.

Et nous sommes entrés dans une espèce de champ.