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NOTRE-DAME DU FOLGOAT.


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ARGUMENT.


« En l’année 1315, dit un vieil auteur, fleurissait en Bretagne, en simplicité et sainteté de vie, un pauvre innocent nommé Salaün, issu de parents pauvres, dont les noms nous sont inconnus, d’un village d’auprès de Lesneven.

« Ce jeune enfant, croissant en âge, commença, après la mort de ses parents, à chérir les douceurs de la solitude, choisissant pour sa retraite ordinaire un bois, loin d’icelle ville d’une demi-lieue, orné d’une belle fontaine bordée d’un très-beau vert naissant. Là, comme un passereau solitaire, il solfiait à sa mode les louanges de la Vierge adorable, à laquelle, après Dieu, il avait consacré son cœur ; et de nuit, comme le gracieux rossignol, perché sur l’épine de l’austérité, il chantait Ave Maria.

« Il était misérablement vêtu, toujours nu-pieds ; n’avait pour lit, en ce bois, que la terre, pour chevet qu’une pierre, pour toit qu’un arbre tortu près de ladite fontaine. Il allait tous les jours mendier son pauvre pain par la ville de Lesneven ou ès environs, n’importunant personne aux portes que de deux ou trois petits mots ; car il disait Ave Maria, et puis en son langage breton : Salaün a zebrè bara, c’est-à-dire « Salaün mangerait du pain. » Il prenait tout ce qu’on lui donnait, revenait bellement en son petit ermitage auprès de la fontaine, en laquelle il trempait ses croûtes, sans autre assaisonnement que le saint nom de Marie.

« Au cœur de l’hiver, il se plongeait dans cette fontaine jusqu’au menton, comme un beau cygne en un étang, et répétait toujours et mille fois Ave Maria, ou bien chantait quelque rhythme breton en l’honneur de Marie.

« On rapporte que lorsqu’il grouait à pierre fendre, il montait en son arbre, et, prenant deux branches de chaque main, il se