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GENEVIÈVE DE RUSTÉFAN.


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ARGUMENT.


Au milieu de la paroisse de Nizon, près de Pontaven, en basse Cornouaille, on voit s’élever le château en ruines de Rustéfan. Il est le sujet de quelques traditions qui ne sont pas sans intérêt. Ainsi le peuple dit qu’anciennement on avait coutume de danser fort tard sur le tertre du château, et que si l’usage a cessé, c’est que les danseurs aperçurent, un soir, la tête chauve d’un vieux prêtre, aux yeux étincelants, à la lucarne du donjon. On ajoute à cela qu’on voit vers minuit, dans la grand’salle, une bière couverte d’un drap mortuaire, dont quatre cierges blancs, comme on en faisait brûler pour les filles nobles, marquent les quatre coins, et qu’on voyait jadis une jeune demoiselle, en robe de satin vert garnie de fleurs d’or, se promener au clair de la lune sur les murailles, chantant quelquefois, et plus souvent pleurant. Quel mystérieux rapport peut-il y avoir entre ces deux vagues figures de prêtre et de jeune fille ? La ballade qu’on va lire nous l’apprendra. Quant à l’héroïne en particulier, dont j’ai tronqué le nom de famille, avec la tradition populaire, dans les précédentes éditions de ce recueil, je puis le rétablir anjourd’hui, grâce à l’érudition de M. Pol de Courcy. Elle était fille de Jean du Faou, grand échanson de France, mentionné, dans les réformations de la noblesse de Cornouaille, comme possesseur, en 1426, du château de Rustéfan. C’est de ce Jean du Faou (en breton Iann-ar-Faou, ou Ann Faou, selon l’orthographe ancienne) que les chanteurs ont fait Ann Naour ; il leur arrive très-souvent d’altérer ainsi les noms propres.