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LE MAL DU PAYS.


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ARGUMENT.


Un jeune paysan des montagnes d’Arez, embarqué comme matelot à bord d’un bâtiment de guerre, fut atteint du mal du pays, et l'on fut contraint de le laisser à quelques lieues de Bordeaux, où il mourut de chagrin et de misère, sur la paille, dans une étable.

Cet amour pour le lieu natal est un des sentiments qui inspirent le plus, chaque jour, nos poëtes populaires. Il n’est pas de conscrit qui ne fasse composer sa chanson d’adieu a sa maîtresse et à sa famille en quittant la Bretagne : il y en a des milliers sur ce sujet ; toutes sont pleines de cœur, mais non de poésie. Le matelot des montagnes fil lui-même la sienne ; c’est un de ses camarades de bord qui l’a conservée et répandue dans le pays.

Nous tenons ces détails d’un paysan de la paroisse de la Feuillée, sous la dictée duquel nous l’avons écrite ; il l’avait apprise lui-même d’un vieux garçon meunier, ami d’enfance du matelot, qui, s’il vivait encore, aurait plus de cent cinquante ans aujourd’hui.