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IX


L’APPEL DES PATRES.


( Dialecte de Cornouaille. )


II.


Dimanche matin, en me levant, en allant conduire mes vaches dans les champs, j’entendis ma douce chanter, et je la reconnus à sa voix ; j’entendis ma douce chanter, chanter gaiement sur la montagne, et moi de faire une chanson pour chanter avec elle aussi.

— La première fois que j’ai vu la petite Marguerite, ma gentille amie, elle faisait ses premières pâques, dans l’église de la paroisse, dans l’église de Fouesnant, avec les enfants de son âge : elle avait douze ans alors, et j’avais douze ans aussi.

Comme la fleur jaune du genêt, ou comme une petite églantine, comme une églantine au milieu d’un buisson de lande, ma belle brillait parmi eux ; pendant tout le temps de la messe je ne fis que la regarder ; plus je la regardais, plus elle me plaisait !

J’ai dans le courtil de ma mère un pommier chargé de fruits, à ses pieds un gazon vert et un bosquet à l’entour ; quand viendra ma douce belle, ma plus aimée pour me voir, nous irons, ma douce et moi, nous mettre à l’ombre dessous.

La pomme la plus rouge, je la cueillerai pour elle, et je lui ferai un bouquet où je mettrai un souci, fleur que j’aime ; un souci flétri, car je suis bien affligé, car je n’ai point encore eu d’elle un seul baiser d’amour sincère.

— Taisez-vous, ne chantez plus, mon ami, taisez-vous bien vite ; les gens qui vont à la messe nous écoutent dans la vallée. Une autre fois, quand nous viendrons à la lande, et que nous serons tous deux seuls, un petit baiser d’amour sincère je vous donnerai . . un, ou deux. —


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