Maudit soit le soleil, maudite soit la lune, maudite soit la rosée qui tombe sur la terre ;
Maudite soit la terre elle-même, la terre de Plouié, qui est la cause de querelles terribles,
La cause de terribles querelles entre le maître et le colon ;
Qui répand l’émoi parmi les hommes des campagnes, qui en met plus d’un mal à l’aise ;
Qui fait plus d’un père sans fils, plus d’une femme veuve, plus d’un orphelin et d’une orpheline ;
Qui jette sur les grands chemins plus d’un enfant qui pleure en suivant sa mère.
Mais maudits soient, pardessus tout, les nobles hommes[1] des cités, qui oppriment le laboureur ;
Ces gentilshommes nouveaux, ces aventuriers français, engendrés au coin d’un champ de genêts ;
Lesquels ne sont pas plus Bretons que n’est colombe la vipère éclose en un nid de colombe.
- ↑ Les bourgeois de Bretagne portaient généralement, au quinzième siècle, le titre de nobles hommes. (A., de Courson, Essai sur l'histoire de Bretagne, p. 346.)