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LE JOUR DES PAUVRES.


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ARGUMENT.


Le lendemain de la noce est le jour des pauvres : il en arrive par centaines, la cour et l’aire en sont remplies. Ils se sont revêtus non pas de leurs beaux habits, mais de leurs haillons les plus blancs. Ils mangent les restes du festin de la veille ; la nouvelle mariée, la jupe retroussée, sert elle-même les femmes, et son mari les hommes. Au second service, celui-ci offre le bras à la mendiante la plus respectable, la jeune femme donne le sien au mendiant le plus considéré de l’assemblée, et ils vont danser avec eux.

Il faut voir de quel air se trémoussent ces pauvres gens : les uns sont nu-pieds, les merveilleux portent des sabots ; il y en a nu-tête, d’autres ont des chapeaux tellement percés, que leurs cheveux s’échappent par les crevasses ; tous les haillons volent au vent ; mainte ouverture trahit la misère, mais laisse voir battre le cœur ; les pieds s’agitent dans la fange, mais l’âme est dans le ciel. On commence en général par une ronde en l’honneur de l’épousée.

Le pauvre aveugle Iann-ar-Gwenn ne manque jamais de dire, dans ces circonstances, un morceau qu’il a composé pour sa malîtresse, maintenant sa femme, il y a bien longtemps ; cette pièce, moyennant de légers changements, se trouve convenir à merveille a la mariée, et obtient toujours un grand succès. En voici quelques strophes qu’il nous a apprises lui-même.