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LE PARDON DE SAINT-FIACRE.


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ARGUMENT.


Sur le devant de l’ossuaire du Faouet, parmi les petits reliquaires qui y sont rangés, il en est un plus vieux que les autres, blanchi par la pluie et sans croix, sur lequel on lit ces mots, grossièrement gravés : ci-git la tête de louis rausehaulet.

Loéiz Rozaoulet, ou Raoualet, selon la prononciation de la haute Cornouaille, avait été fiancé dès sa naissance a une petite fille nommée Marianna, née, au village de Kerli, le même jour que lui. Leurs mères les avaient couchés dans le même berceau , coutume charmante commune a la Bretagne et à la Hongrie ; aux fêtes, ils étaient toujours assis en face l’un de l’autre, à table, comme deux nouveaux mariés. Les vieux parents riaient en les voyant tout petits s’embrasser, et personne ne doutait qu’ils s’épousassent un jour.

Un matin de la fête de Saint-Fiacre, quelques jeunes gens de la paroisse vinrent engager Loéiz à les accompagner au pardon. Sa mère y consentit. Cette fête est célèbre dans le pays ; saint Fiacre est le patron des jardiniers bretons ; sa légende rapporte qu’il cultivait à la fois « les fleurs de la terre et les vertus du ciel. » La bénédiction du bouquet qui lui est offert, la veille de la fête, par les jardiniers du canton, cérémonie curieuse et poétique, y attire une foule de pèlerins de toutes les parties de la Cornouaille. Ce fut aussi le désir d’assister à celle cérémonie qui conduisit Loéiz au pardon. Un poète populaire va continuer l’histoire.