Page:Barzaz Breiz 4e edition 1846 vol 2.djvu/157

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



L’ORPHELINE DE LANNION.


______


ARGUMENT.


« Il y a trois sortes de personnes, dit un ancien proverbe breton, qui n’arriveront point au paradis, tout droit, par le grand chemin ; c’est à savoir : les tailleurs (sauf votre respect), dont il faut neuf pour faire un homme, qui passent leurs journées assis, et qui ont les mains blanches ; les sorciers, qui jettent des sorts, soufflent le mauvais vent, et ont fait pacte avec le diable ; les maitôtiers (les percepteurs des contributions), qui ressemblent aux mouches aveugles, lesquelles sucent le sang des animaux. »

Le maltôtier est d’ordinaire querelleur, bavard, bel esprit, beau parleur ; il est même facétieux, et assaisonne volontiers de gros sel ses vexations. On rapporte qu’un cabaretier arrivait un jour à la foire, avec deux barriques de cidre dans sa charrette ; le maltôtier se présente et exige le droit : l’autre résiste. « Comment, malheureux, lui dit l’employé, vous osez murmurer ! Saint Mathieu n’était- il pas chef des maltôtiers ? Ne le voyait-on pas, en Judée, percevoir de chacun la taxe sur le vin et le tabac tous les jours de l’année ? » Au nom de saint Mathieu, le paysan resta confondu.

Mais toutes les histoires de maltôtiers ne sont pas aussi naïves ; il en est d’affreuses. En voici une que nous avons entendu chanter à des laveuses de Lannion, où l’événement s’est passé.