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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


On ne saurait faire d’un homme un plus magnifique éloge. Les historiens de Bretagne en parlent dans les mêmes termes que les poëtes populaires. Un d’eux, après être entré dans de grands détails sur l’origine de la famille Névet, conclut ainsi : « C’est une maison illustre, dont les seigneurs, de père en fils, ont témoigné notoirement un zèle héroicque et une passion inviolable à conserver les droicts et immunitez de la Bretagne. » Le même éloge convient aux Carné, et, en général, à toutes les familles bretonnes qui n’ont pas abandonné leur pays ; « cette dernière, dit Guy le Borgne, est assez connue pour estre une pépinière féconde de seigneurs braves, galands et généreux[1]. » L’élégie qu’on vient de lire est une excellente pièce à l’appui du jugement qu’a porté l’illustre auteur de l’Histoire de la Conquête d’Angleterre par les Normands, sur les bons rapports qui ont toujours existé entre l’aristocratie bretonne et les habitants de nos campagnes.

« Les gens du peuple en basse Bretagne n’ont jamais cessé, dit-il, de reconnaître dans les nobles de leur pays des enfants de la terre natale ; ils ne les ont point haïs de cette haine violente que l’on portait ailleurs à des seigneurs issus de race étrangère ; et sous les titres féodaux de baron et de chevalier, le paysan breton retrouvait encore les tiern et les machtiern du temps de son indépendance ; il leur obéissait avec zèle, dans le bien comme dans le mal, par le même instinct de dévouement qu’avaient pour leurs chefs de tribus les Gallois et les montagnards d’Ecosse[2]. »

  1. Armorial breton, p. 43.
  2. Augustin Thierry, t. III, p. 20.