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VII


Les poésies populaires de toutes les nations offrent des analogies frappantes, et cela se conçoit ; elles sont l’image de la nature dont le type, comme l’a dit M. de Chateaubriand, se trouve gravé au fond des mœurs de tous les peuples.

Entre les ballades de l’Espagne et de l’Italie, de la Servie, de la Scandinavie, des États d’Allemagne, de l’Ecosse et de la Bretagne, il n’y a d’autre différence que celle du caractère particulier, des mœurs et des coutumes des habitants de ces contrées.

La muse méridionale est ardente, passionnée, impétueuse et lyrique ; la muse servienne s’élève parfois à la hauteur de la poésie épique ; les muses scandinave et danoise sont tragiques et guerrières ; le génie de la muse de la Germanie est, selon M. Wolf, celui de la tragédie bourgeoise la plus touchante et la plus pathétique ; le caractère de la ballade écossaise est la mélancolie la plus douce. Quant à la muse bretonne, elle nous paraît réunir la sensibilité exquise et recueillie de la poésie germanique, le génie épique des poëtes serviens et la tristesse douce et tempérée de la poésie écossaise.

La manière dont procèdent les compositeurs de ballades bretonnes est analogue à celle des autres poëtes populaires. Le poëte, ou plutôt l’auteur dramatique, car chacune de ses œuvres est un drame, indique souvent, dès le début, le dénoûment, dans quelques vers qui servent de prologue ; puis il dispose la scène, y place ses acteurs, et les laisse discourir et agir librement ; point de réflexions, elles doivent ressortir de l’ensemble des discours