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Les noms généraux de celles-ci sont Gan, ou Gwen, Korr ou Korrig, qui, réunis, donnent Korrigan et Korrigwen[1].

Or, Tacite[2] nous apprend qu’il y avait une déesse celte, appelée Gan ; et les anciens bardes cambriens déclarent révérer un être mythologique, du sexe féminin, nommé Korid-gwen[3], à laquelle ils donnent neuf vierges pour suivantes[4] ; d’un autre côté, P. Méla appelle les neuf prêtresses de l’île de Sein parfois Galliguen, et parfois Barriguen[5], tandis que Vopiscus donne le nom de Galligan aux druidesses de la Gaule[6].

Nous pensons donc que nos fées bretonnes portent le même nom que les prêtresses et déesses des nations celtiques ; mais ce n’est pas le seul trait qu’elles aient de commun avec elles.

Les Galligan, dit Vopiscus, sont douées du génie prophétique. Les vierges de l’île de Sein ont le même attribut. Mêla ajoute qu’elles ont la faculté de se métamorphoser à leur gré et qu’elles possèdent de grandes connaissances en médecine. Taliesin ne peint pas Korid-gwen d’une manière différente, seulement il lui donne un vase magique, dont les bords sont ornés de perles, et qui contient l’eau merveilleuse du génie bardique et de la science universelle[7].

  1. Gan et Gwen ont dû signifier génie ; le second se prend encore dans le sens ingénieux. Korr, diminutif korrig (en construction Gorrig), signifie nain et naine. {V. le Gonidec, Dict. bret., p. 107 et 239.)
  2. De Moribus German., c. VIII. Dio, in fragm., not. Lips., var. ed.
  3. C’est ainsi que l’écrit le harde Cynwall (Jones poetical remains, t. I, p. 34) : on trouve aussi Karidwen (Myvyrian, t. I, p. 18), et Kyrridwen (id., p. 66).
  4. Myvyrian, p. 45.
  5. Barrigenas, Galligenas. (Voss. ap. Gough. Camden, t. I, p. 12.)
  6. Gallicanas, Dryades (in Aurel., c. XLIV).
  7. Myrvirian, t. I p. 17, 38, 173.