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siècle, ont coutume de faire des lais[1] sur les aventures qui ont lieu pour qu’on ne les oublie pas ; j’en ai rimé quelques-uns en français[2]. »

Les auteurs anonymes des lais l’Épine[3] et d’Havelok[4], tiennent le même langage.

Leur témoignage sur l’usage qui existe en Bretagne, de mettre en chanson les événements contemporains, reçoit une force nouvelle de l’examen de la poésie populaire de ce pays.

Le poëte qui a célébré la victoire du héros morvan Lez-Breiz, sur les Franks, termine de la sorte une des parties de son poëme national :

« Ce chant a été composé pour garder le souvenir du combat et pour être répété par les gens de la Bretagne, en l’honneur du seigneur Lez-Breiz : puisse-t-il être répété à la ronde, afin de réjouir les Bretons. »

Voici maintenant le début du chant du Rossignol, que Marie de France a arrangé, et dont je publie l’original :

« La jeune épouse de Saint-Malo pleurait hier à sa fenêtre. »

Cette précision de date se retrouve au commence-

  1. Lais, en irlandais chanson, en gallois son, voix et chant, en breton son lugubre. (V.Rostren, Dict., t. I, p. 251.) Il n’est plus en usage que dans ce dernier sens, mais il a dû exprimer l’idée d’une ballade élégiaque, à en juger par le morceau que nous possédons, et auquel Marie de France donnait ce nom.
  2. Lai d’Equitan, sire de Nantes. Marie de France. (Ap. Roquefort, t. I, p. 114, et prologue, p. 44.)
  3. De l’aventure que dit ai,
    Li Breton en firent un Lai.

    (Ibid, p. 580.)

  4. Li ancien por remenbrance,
    Firent un Lai de sa victoire,
    Et que touz jors en soit mémoire...
    Un Lai en firent li Breton.

    (Lai d’Havelok et d’Argentille, manuscript. reg. n° 7593.)