Quand la jeune fille passa le long des douves, le seigneur était à l’attendre,
A l’attendre auprès du pont-levis ; si bien qu’elle tressaillit d’épouvante,
D’épouvante en l’apercevant, et renversa son pot au lait.
Voyant cela, la pauvre fille se mit à pleurer amèrement.
— Taisez-vous, ma sœur, ne pleurez pas, on vous donnera un autre pot au lait ;
Approchez, et allons déjeûner, tandis qu’on le préparera.
— Beau seigneur, je vous remercie; j’ai déjeuné, bien déjeuné.
— Alors venez au jardin, venez cueillir de belles fleurs,
Venez cueillir une guirlande pour orner votre pot au lait.
— Je ne porte point de fleurs, je suis en deuil cette année.
— Alors venez aux vergers, venez manger des fraises rouges comme une braise.
— Je n’irai point manger des fraises ; sous les feuilles il y a des couleuvres.
J’entends l’appel des laboureurs de l’écobue : ils disent que je suis paresseuse.