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LA BATAILLE DES TRENTE.


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ARGUMENT.


On connaît la cause de la bataille des Trente. Malgré la trêve conclue entre les Français du parti de Charles de Blois et les Anglo-Normands attachés à Montfort, des aventuriers étrangers, auxiliaires de ce dernier, ayant à leur tête un chef de bande appelé Bembrough, ravageaient le pays de Bretagne. « Bembrough avait pris Ploermel, dit un poète français du temps, et menait les Bretons au gré de son caprice, quand un jour, le troisième de mars de l’année 1550, le bon seigneur de Beaumanoir, commandant de Josselin pour Charles de Blois, se rendit vers les Anglais et leur demanda raison. Or, il fut témoin d’un spectacle qui lui fit grand’ pitié ; il vit de pauvres paysans, les fers aux pieds et aux mains ; tous étaient enchaînés deux par deux, trois par trois, comme vaches et bœufs que l’on mène au marché. Beaumanoir vit cela, et son cœur soupira. Chevalier d’Angleterre, dit-il à Bembrough, vous êtes bien coupable en tourmentant ainsi ceux qui sèment le blé, et qui nous procurent la chair et le vin ; je vous le dis comme je le pense, s’il n’y avait pas de laboureurs, ce serait à nous, nobles, à travailler la terre, à manier le fléau et la houe, à endurer la pauvreté : laissez-les donc vivre en paix, car ils ont souffert trop longtemps. — Parlons d’autre chose, Beaumanoir, répondit Bembrough : les Anglais domineront, les Anglais régneront partout. —

Beaumanoir repartit : — Toutes vos bravades n’aboutiront a rien : ceux qui parlent le plus agissent le moins bien. Mais, si vous le voulez, prenons jour pour nous battre : on verra bien, par le résultat de la bataille, qui de nous a tort ou raison. — J’y consens, — dit Bembrough.

« Ainsi fut jurée la bataille. »

Ecoutons maintenant un poëte populaire breton contemporain.