Voulant mettre le lecteur à même de voir comment le poète français a paraphrasé l’œuvre du poëte breton, nous citerons presque en entier la pièce de Marie de France. Seulement, on nous permettra d’en rajeunir quelques mots pour la rendre plus intelligible; l’original ayant été publié par Roquefort[1], il sera facile d’y recourir.
Une aventure vous dirai
Dont les Bretons firent un lai ;
Eostik a nom, ce m’est avis,
Si (ainsi) l’appellent en leur pays.
Ce est rossignol en français,
Et nightingale eu droit anglais.
A Saint-Malo, en la contrée,
Est une ville renommée ;
Deux chevaliers illec (là) manaient (demeuraient),
Et deux forez (voisines) maisons avaient.
L’un avait femme épousée,
Sage, courtoise, moult acemée (spirituelle),
Li autre fut un bachelier[2].
Bien ert (était) connu entre ses pairs.
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La femme à son voisin aima,
Tant la requit, tant la pria.
Et tant parut en lui grand bien,
Qu’elle l’aima sur toute rien (par-dessus tout).
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Longuement se sont entr’aimés.
Tant que ce vint à un été.
Que bois et prés sont reverdis.
Et que les vergers sont fleuris,
Et qu’oiselets par grand’ douceur
Mènent leur joie parmi les fleurs.