Revenant de la chasse, précédé par ses grands chiens folâtres ;
Il tenait son arc à la main, et portait un sanglier sur l’épaule.
Et le sang frais, tout vivant, coulait sur sa main blanche, de la gueule de l’animal.
— Bonjour ! bonjour à vous, honnêtes montagnards ; à vous d’abord, grand chef de famille ;
Qu’y a-t-il de nouveau ? que voulez-vous de moi ?
— Nous venons savoir de vous s’il est une justice ; s’il est un Dieu au ciel, et un chef en Bretagne.
— Il est un Dieu au ciel, je le crois, et un chef en Bretagne, si je puis.
— Celui qui veut, celui-là peut ; celui qui peut, chasse le Frank,
Chasse le Frank, défend son pays, et le venge et le vengera !
Il vengera vivants et morts, et moi, et Karo mon enfant.
Mon pauvre fils Karo décapité par le Frank excommunié ;
Décapité dans sa fleur, et dont la tête, blonde comme du mil, a été jetée dans la balance pour faire le poids ! —
Et le vieillard de pleurer, et ses larmes coulèrent le long de sa barbe grise,
Et elles brillaient comme la rosée sur un lis, au lever du soleil.