« Je vois sur le rivage le blanc cheval de mer[1] ; un serpent monstrueux l’enlace,
« Enlace ses deux jambes de derrière de deux anneaux terribles, et ses flancs de trois autres anneaux.
« Et ses jambes de devant et son cou de deux autres encore, et il monte le long de son poitrail, il le brûle, il l’étouffe.
« Et le malheureux cheval se dresse debout sur ses pieds, et renversant la tête de côté, il mord la gorge du monstre :
« Le monstre bâille ; il agile son triple dard rouge comme du sang, et déroule ses anneaux en sifflant ;
« Mais ses petits l’ont entendu, ils accourent : fuis ! la lutte est inégale, tu es seul. Oh ! fuis, sain et sauf ! »
— Qu’il y ait des Franks par milliers ! je ne fuis pas devant la mort ! —
Il n’avait pas fini de parler, qu’il était déjà loin, bien loin de sa demeure.
- ↑ Symbole des Bretons armoricains et de leur chef lui-même. (V. plus haut, p. 33.) La jeune fille fait ici preuve de ce bon sens précautionneux naturel aux femmes, et qui passait pour don de prophétie dans les sociétés primitives.