Page:Barzaz Breiz 4e edition 1846 vol 1.djvu/235

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



LEZ-BREIZ,


Fragments épiques.
______


ARGUMENT.


Morvan, machtiern ou vicomte de Léon[1], si célèbre dans l’histoire du neuvième siècle, comme un des soutiens de l’indépendance bretonne, n’est pas moins fameux dans nos traditions populaires, où on le surnomme Lez-Breiz[2]. Je ne possédais qu’un fragment du cycle poétique dont il est le centre, lorsque je publiai les deux premières éditions des Chants populaires de la Bretagne, et le nom réel du héros n’y était pas mentionné ; de nouvelles découvertes sont venues m’apprendra qu’il s’agissait du rival de Louis le Débonnaire.

Nous avons maintenant cinq fragments complets du poëme de Lez-Breiz : le premier roule sur son départ de la maison de sa mère, à l’âge où l’amour des armes s’éveille fortuitement dans son âme ; le second regarde son retour ; les autres, ses combats et sa mort, ou, pour mieux dire, la péripétie étrange en laquelle le patriotisme armoricain a changé le dénoûment avorté de l’histoire du héros breton. Après l’avoir montré vainqueur d’un guerrier à qui le roi des Franks avait donné mission de le tuer, puis d’un géant maure doué de vertus magiques, le poète le met aux prises avec le roi lui-même, plus heureux que ses émissaires. Vaincu et blessé mortellement, Lez-Breiz disparaît du milieu du monde, mais non sans espoir de retour.

Arthur chez les anciens Bretons, l’empereur Frédéric Barbe-Rousse chez les Allemands, et Marco chez les Slaves ont eu la même destinée poétique ; leur vie, qui appartient à l’histoire, s’est exhalée en poésie dans les traditions de leurs compatriotes.

  1. Regnante domino imperatore Hludovico, anno XXII regni ejus, Morman Machtiern... (Cartularium Redonense, ad ann. 800 ; D. Morice, preuves, t. 1, col. 263.)
  2. Lez-Breiz veut dire à la lettre : Hanche de la Bretagne (de Lez, hanche, au figuré, soutien, et de Breiz, Bretagne. V. le Gonidec, au mot Lez). On l’appelle aussi quelquefois Lezou-Breiz. Lezou est le pluriel, aujourd’hui inusité, de Lez.