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MERLIN.


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ARGUMENT.


Deux bardes ont porté le nom de Merlin[1] : l’un, selon des poésies galloises antérieures au dixième siècle, eut pour mère une vestale[2], et pour père, selon Nennius et Gildas, un consul romain[3]; il vécut au cinquième siècle sous le règne d’Emreis-Aurel, et passa pour le premier des devins de son temps[4].

L’autre, si ses poésies ne cachent pas un sens figuré, nous apprend lui-même qu’ayant eu le malheur de tuer involontairement son neveu, à la bataille d’Arderiz où il portait le collier d’or, marque distinctive des chefs cambriens, il perdit la raison, s’exila du monde et se retira dans la forêt de Kelidon (vers 577).

« Je suis, dit-il, un sauvage en spectacle aux hommes ; j’inspire l’horreur ; je n’ai point de vêtements.... personne ne m’honore plus. Les plaisirs fuient loin de moi. Les dames ne viennent plus me visiter. Quoique je sois aujourd’hui dédaigné par celle qui est belle comme le cygne de neige au combat d’Arderiz, j’ai porté le collier d’or.... Jésus ! pourquoi n’ai-je pas péri le jour où j’ai eu le malheur de tuer de ma propre main le fils de Gwendiz ma sœur ? Infortuné que je suis ! le fils de Gwendiz est mort, et c’est moi qui l’ai tué[5] ! »

La bataille d’Arderiz est mise, par les Triades galloises, au nombre des trois frivoles batailles de l’île de Bretagne. Quatre-

  1. Les Gallois écrivent Merddyn et Myrdin, et prononcent Merzlin, les Armoricains, Marzin.
  2. Ann-ap-lean, « le fils de la nonne » (Myvyrian, t. I, p. 78). Gildas [(in Brevario) traduit « lean » par vestalis.
  3. « Unus de consulibus Romanorum pater meus est. » (Nennius. éd. de Guun, p. 72, et Gildas, cit. de M. F. Michel, in Vita Merlini Caledoniensis, intr.)
  4. Prif Zewin Merddin-Emreis. {Myvyr., t. I, p. 78.)
  5. V. Avallenaou Merddin. (Myvyrian, t. I, p. 152, 153.)