La gueule béante et pleine de sang, et le crin blanchi par l’âge ;
Il est entouré de ses marcassins, qui grognent de faim.
Je vois le cheval de mer venir à sa rencontre, à faire trembler le rivage d’épouvante.
Il est aussi blanc que la neige brillante : il porte au front des cornes d’argent.
L’eau bouillonne sous lui, au feu du tonnerre de ses naseaux.
Des chevaux marins l’entourent, aussi pressés que l’herbe au bord d’un étang.
— Tiens bon ! tiens bon ! cheval de mer ; frappe-le à la tête; frappe fort, frappe !
Les pieds nus glissent dans le sang ! Plus fort encore ! frappe donc ! plus fort encore !
Je vois le sang comme un ruisseau ! Frappe fort! frappe donc ! plus fort encore !
Je vois le sang lui monter au genou ! Je vois le sang comme une mare !
Plus fort encore ! frappe donc ! plus fort encore ! Tu le reposeras demain.
Frappe fort ! frappe fort, cheval de mer ! Frappe-le à la tête ! frappe fort ! frappe ! —
Comme j’étais doucement endormi dans ma froide tombe, j’entendis l’aigle appeler au milieu de la nuit.