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La gueule béante et pleine de sang, et le crin blanchi par l’âge ;

Il est entouré de ses marcassins, qui grognent de faim.

Je vois le cheval de mer venir à sa rencontre, à faire trembler le rivage d’épouvante.

Il est aussi blanc que la neige brillante : il porte au front des cornes d’argent.

L’eau bouillonne sous lui, au feu du tonnerre de ses naseaux.

Des chevaux marins l’entourent, aussi pressés que l’herbe au bord d’un étang.

— Tiens bon ! tiens bon ! cheval de mer ; frappe-le à la tête; frappe fort, frappe !

Les pieds nus glissent dans le sang ! Plus fort encore ! frappe donc ! plus fort encore !

Je vois le sang comme un ruisseau ! Frappe fort! frappe donc ! plus fort encore !

Je vois le sang lui monter au genou ! Je vois le sang comme une mare !

Plus fort encore ! frappe donc ! plus fort encore ! Tu le reposeras demain.

Frappe fort ! frappe fort, cheval de mer ! Frappe-le à la tête ! frappe fort ! frappe ! —


III.


Comme j’étais doucement endormi dans ma froide tombe, j’entendis l’aigle appeler au milieu de la nuit.