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Sauf la cérémonie du baptême, remplacée, dans le chant breton, par l’action surnaturelle de la lune, je ne vois rien dans ce maléfice, pas même le nom de Bélial, peu différent du celtique Bel, qui puisse l’empêcher de remonter aux Druides et d’être identique au sortilège dont notre chant réveille l’idée. Mais pourquoi six enfants de cire plutôt que tout autre nombre? Je n’en vois pas bien la raison.

Je vois mieux celle des six plantes médicinales du bassin qu’un nain a mission de mêler. Les plantes dont il est ici question jouaient un grand rôle dans la pharmacie des Druides et des anciens bardes ; mais les historiens latins n’en comptent que cinq, savoir : le sélage, la jusquiame, le samolus, la verveine et le gui de chêne, tandis que les poèmes mythologiques des Bretons en nomment six, en joignant aux plantes désignées, la primevère et le trèfle, à l’exclusion du gui, qui servait sans doute à d’autres usages. Selon eux, c’étaient les ingrédients d’un bassin pareil à celui du chant armoricain ; comme lui, surveillé par un nain et contenant le breuvage du savoir universel. Trois gouttes du philtre magique ayant rejailli, disent les bardes,sûr la main du nain, il porta naturellement le doigt à ses lèvres, et aussitôt tous les secrets de la science se dévoilèrent à ses yeux[1]. C’est pourquoi le nain du poëme armoricain a aussi le doigt dans la bouche.

VII. La division des éléments en sept, comme les planètes, les nuits et les jours, offre quelque chose de surprenant ; c’était celle des anciens Bretons. Taliesin, outre la terre, l’eau, l’air et le feu, y comprend les atomes, ainsi que notre poète, et y joint les bruines et le vent[2], sous-entendus par celui-ci.

VIII. Les huit feux rappellent les feux perpétuels qu’entretenaient les Druides dans certains temples de l’île de Bretagne, en l’honheur d’une déesse que le Polyphistor de Solin, poussé par cette manie des anciens d’assimiler les divinités celtiques aux dieux des Grecs et des Romains, confond avec Minerve[3]. Mais l’écrivain latin ne mentionne pas le nombre de ces feux. Mérzin en nomme sept. « Il y a, dit-il, sept feux supérieurs, symbole de sept batailles




  1. Myvyrian, Arch. of Wales, t. I, p. 17 et 65.
  2. Tan ha douar ha dour hag aouer
    Ha nioul ha blodeu
    Ha gwent.

    (Myvyrian, t. I, p. 23.)
  3. Solin, cap XXII.