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leurs usages, ni le temps, ni le lieu des réunions ; fidèle à sa prudente manière d’agir avec les barbares, il n’abattit pas le temple, il le purifia. Le menhir est toujours debout, mais la croix le domine.

C’était aux solstices qu’avaient lieu, en Cambrie, comme les assemblées druidiques, les plus grandes réunions chrétiennes ; c’était dans les lieux consacrés par la religion des ancêtres, parmi les dolmen, au bord des fontaines, qu’on se réunissait ; c’était à l’occasion des fêtes qu’on y célébrait que revenaient périodiquement ces espèces de jeux olympiques, où les bardes, en présence d’un concours immense, tenaient leurs séances solennelles, et disputaient le prix de la harpe et de la poésie ; où les athlètes entraient en lice et faisaient assaut de courage, d’adresse ou de vitesse, à l’escrime, à la lutte, à la course et à vingt autres exercices semblables dont parlent les anciens auteurs ; c’était à ces fêtes que la foule trouvait dans la danse et la musique une diversion passagère aux soucis journaliers de sa misérable existence. Les sectes protestantes, qui déchirent et dépoétisent le malheureux pays de Galles, leur ont ôté tout caractère religieux : et il n’en reste que des débris sauvés à grand’peine par les bardes, ces gardiens de la nationalité galloise, qui désormais ne s’appuie plus que sur les mœurs, la langue et les traditions. En Bretagne, elles ont conservé leur génie primitif, et la religion a continué d’être l’âme de ces solennités qui promettent encore à nos vieux usages, à nos croyances vénérables, à notre langue, et à notre littérature rustique, de longues années d’existence.

Chaque grand pardon dure au moins trois jours. Dès la veille, toutes les cloches sont en branle ; le peuple s’occupe à parer la chapelle ; les autels sont ornés de guirlandes et chargés de vases de fleurs ; on revêt les statues