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lundi du mois de la paille blanche les Anglais ont été vaincus dans ce pays.

En cette année, comme devant, ils ont été mis au pas.

Toujours, comme grêle dans la mer, fondent les Anglais en Bretagne.




NOTES


Si l’on en croyait le poëte populaire, ce seraient les Bretons d’Armorique qui auraient marché au combat en chantant, et l’air ainsi que les paroles de leur chant qui auraient fait tomber les armes des mains de leurs frères les Gallois. On choisira entre la tradition recueillie par M. de Saint-Pern et celle de l’auteur breton. Mais ce qu’il y a de très-remarquable, c’est que l’air du Combat de Saint-Cast est populaire à la fois en Bretagnee et dans le pays de Galles[1]. Les anciennes défaites des Anglais, dont le souvenir est rappelé par le poëte, se rapportent aux années 1486, 1694 et 1746. Il paraîtrait, d’après lui, que les officiers anglais de la compagnie des archers gallois auraient attribué à la trahison, et non au patriotisme réveillé par l’identité de langage et d’airs nationaux, le refus de marcher de leurs soldats. Faut-il croire que cette détermination décida les ennemis à fuir ? Cela n’est guère probable ; mais l’armée française et la marée montante concoururent bien certainement à les empêcher de regagner leurs vaisseaux, et la plupart furent faits prisonniers. On ne dit pas si les Cambriens furent du nombre ; dans cette hypothèse, leurs frères d’Armorique auront certainement adouci leur captivité : les Gallois devaient eux-mêmes, trente-cinq ans plus tard, adoucir celle des Bretons prisonniers des Anglais.

Il y a plusieurs versions du Combat de Saint-Cast : l’une d’elles m’a été procurée par M. Joseph de Galan, arrière-neveu d’un officier breton qui était à la bataille. Je ne doute pas qu’elle ait été chantée par quelque soldat cornouaillais témoin de l’affaire. Elle le fut aussi en français par divers témoins, et inspira un sarcasme très-vif au procureur général La Chalotais, à propos du duc d’Aiguillon, gouverneur de Bretagne, où ce duc n’avait pas eu l’avantage de se faire aimer. Le duc d’Aiguillon ayant assisté à la bataille de Saint-Cast du haut d’un moulin dont il avait fait son observatoire, La Chalotais s’écria : « L’armée française s’est couverte de gloire, et le duc d’Aiguillon de farine. »




  1. 1 Cet air est le même que celui du Siège de Guingamp. Voyez les Mélodies originales à la fin de ce volume.