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XLV

L’ORPHELINE DE LANNION

— DIALECTE DE TRÊGUIER

ARGUMENT

« Il y a trois sortes de personnes, dit un ancien proverbe breton, qui n’arriveront point au paradis, tout droit, par le grand chemin ; c’est à savoir : les tailleurs (sauf votre respect), dont il faut neuf pour faire un homme, qui passent leurs journées assis, et qui ont les mains blanches, les sorciers, qui jettent des sorts, soufflent le mauvais vent, et ont fait pacte avec le diable ; les maltôtiers (les percepteurs des contributions), qui ressemblent aux mouches aveugles, lesquelles sucent le sang des bêtes. »

Le maltôtier est d’ordinaire querelleur, bavard, bel esprit, beau parleur ; il est même facétieux, et assaisonne volontiers de gros sel ses vexations légales. On rapporte qu’un cabaretier arrivait un jour à la foire avec deux barriques de cidre dans sa charrette ; le maltôtier se présente et exige le droit : l’autre résiste. « Comment, malheureux, lui dit l’employé, vous osez murmurer! Saint Matthieu n’était-il pas chef des maltôtiers ? Ne le voyait-on pas, en Judée, percevoir de chacun la taxe sur le vin et le tabac tous les jours de l’année? » Au nom de saint Matthieu, le paysan resta confondu.

Mais toutes les histoires de maltôtiers ne sont pas aussi comiques ; il en est d’affreuses. En voici une que j’ai entendu chanter à des laveuses de Lannion, où l’événement s'est passé.


En cette année mil six cent quatre vingt-treize, est arrivé un malheur dans la petite ville de Lannion ;


EMZIVADEZ LANNIOÎN

— I ES TREG EB —

El- bloavez-iiiu mil c’Iiouec’h liant pevar-uj;cnt-liizek, Er gerig a Lannion zo eur gvallciu- c’Iiouaivet;