Page:Barzaz Breiz, huitième édition.djvu/41

Cette page a été validée par deux contributeurs.
xxxi
INTRODUCTION.

l’œuvre des bardes ou des ménestrels profanes, mais des poëtes ecclésiastiques.

A ce dernier genre appartenaient ces hymnes que chantaient sous leurs voiles, dans la traversée, les exilés de l’île de Bretagne en Armorique ; les poèmes religieux de saint Sulio ; les cantiques que la mère de saint Hervé enseignait à son fils, comme ceux qu’il composa lui-même et qui le firent choisir pour patron par les poëtes de son pays ; et enfin, ces légendes rimées, en l’honneur des saints, que répétait le peuple dans les cathédrales peu d’années après leur mort[1].

Les Bretons armoricains avaient donc, au sixième siècle, une littérature contenant trois genres très-distincts de poésie populaire, à savoir : des chants mythologiques, héroïques et historiques ; des chants de fêtes et d’amour ; des chants religieux et des vies de saints rimées.


IV


La poésie populaire, dans tous les temps et chez tous les peuples, dès sa naissance, atteint son complet développement. Comme la langue et avec la langue du peuple, elle peut mourir, mais ne change pas de nature. Nous pensons donc qu’on s’égarerait en y cherchant les traces d’un progrès semblable à celui qui règne dans la poésie écrite et artificielle. Elle est complète par cela même qu’elle existe, et il faut la juger comme un tout homogène pour en avoir une idée juste. Les remarques que nous allons soumettre au lecteur seront donc générales, et pourront con-

  1. Vita sancti Dubricii, ap. Joh. Price, Hist. Brit., p. 127.