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XLI L’HÉRITIÈRE DE KEROULAZ

— DIALECTE DE LÉON —

ARGUMENT

L’histoire de Marie de Keroulaz, fille unique de François de Keroulaz, chevalier, seigneur de Keroulaz, en bas Léon, et de dame Catherine de Lannuzouarn, nous présente un fond d’aventures tout à fait semblables à celles d’Azénor de Kergroadez. Forcée par sa mère, en 1565, d’épouser François du Chastel, marquis de Mesle, qui fut préféré à deux jeunes seigneurs du pays, Kerthomaz et Salaün, dont elle recevait publiquement les hommages, l’héritière serait morte de chagrin. De Mesle tient dans l’histoire de Bretagne une place fort peu honorable. Dom Morice rapporte que, sous la Ligue, lors de la prise de Quimperlé, dont il était gouverneur, il se sauva presque nu au milieu de la nuit, avec des femmes, passa la rivière et prit la route de son manoir de Châteaugal, où il se tint caché. Nos traditions populaires ajoutent à ce trait de lâcheté plusieurs faits d’avarice sordide : c’en était plus qu’il ne fallait pour éloigner de lui l’héritière.

Mademoiselle Marie de Blois, fille du savant de ce nom, est l’auteur de la découverte de la ballade qu’on va lire. La version que je publie m’a été chantée par une paysanne de la paroisse de Nizon.


I

L’héritière de Keroulaz avait bien du plaisir à jouer aux dés avec les enfants des seigneurs.


PENN-HEREZ KEROULAZ

 
E lievoa eunn diciuel vraz
Enn eur c’hoari diouz ann dizez,
Ar benu-licrez a Geroulaz
Gant bugale ann aolrounez.