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INTRODUCTION.

Par une coïncidence assez remarquable, Taliésin, à la même époque, prédisait l’arrivée du même fléau, en Cambrie, et en menaçait un puissant chef gallois[1]

Les chants que nous venons de mentionner, en y ajoutant les pièces intitulées : l’Enfant supposé, le Vin des Gaulois, la Marche d’Arthur et Alain le Renard, sont le dernier souffle de la poésie savante des Bretons d’Armorique. Nous allons entrer dans le domaine de leur poésie traditionnelle plus particulièrement populaire.


III


Tandis que la muse des bardes d’Armorique chantait sur un mode dont l’art guidait les tons, près d’elle, mais cachée dans l’ombre, une autre muse chantait aussi. C’était la poésie populaire, poésie inculte, sauvage, ignorante ; enfant de la nature dans toute la force du terme, sans autre règle que son caprice, souvent sans conscience d’elle-même, jetant comme l’oiseau ses notes à tout vent ; née du peuple, et vivant recueillie et protégée par le peuple ; confidente intime de ses joies et de ses larmes, harmonieux écho de son âme, dépositaire, enfin, de ses croyances et de son histoire domestique et nationale.

Cette poésie vécut aussi dans l’île de Bretagne, Les bardes lui firent la guerre. Aneurin croit devoir nous prévenir que ses chants sont bardiques et non populaires, tant il paraît redouter qu’on les assimile aux rustiques effusions des ménestrels. Chez les Bretons d’Armorique, au contraire, les ménestrels finirent par vaincre les bardes. Aussi les triades galloises mettent-elles les Armoricains au nombre « des trois peuples

  1. Myvyrian, t. I, p. 27.