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L’HERMINE.

— Oh oui, je l’ai bien épuisé ; je vais le mettre à la raison.

— Ao ! ao ! Jean l’Anglais ; gare !

— Oh çà, kiss ! kiss !

Le grand diable est à tes trousses !


Dans tous les prés où ils ont passé, ils ont brûlé l’herbe ; dans tous les champs qu’ils ont traversés,

— Oh çà, kiss ! kiss !

Ne grainera ni avoine ni blé.


Il ne bourgeonnera aucun arbre dans les vergers ; les (yeux des) fleurs sont érailléés, comme si la pluie les avait frappées ; ah ! je souhaiterais de tout mon cœur,

— Oh çà, kiss ! kiss ! oh çà, kiss ! kiss !

Ah ! je souhaiterais de tout mon cœur qu’ils s’étranglassent l’un l’autre.


NOTES

Dans une légende pieuse que nous citons plus loin, le sentiment national du peuple, victime des querelles des grands, se révèle sous une l’orme moins satirique et plus chrétienne.

Un pauvre paysan qui se cache est découvert par une troupe de soldats étrangers : « De quel parti es-tu ? lui demandent-ils d’un air menaçant ; es-tu Blois ou Montfort ?


— Je ne suis ni Blois ni Montfort, répond simplement le pauvre homme, je suis serviteur de madame Marie. Vive Marie ! »

Cette attitude du peuple breton se tenant à l’écart, et ne prenant plus activement parti ni pour l’Anglais ni pour le Français, mais contre tous deux à la lois, prouve que, désabusé par l’expérience d’une guerre de vingt-trois ans, dont il paya les frais de son sang et de sa fortune, il ne lui restait plus que la force de maudire ou de prier. Un sentiment pareil dut naître à la fin de la guerre. C’est ce qui me porte à faire remonter