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CHANTS POPULAIRES DE LA BRETAGNE.

bel ami ; plus d’un corbeau y grattera et becquètera la cervelle. —

Il n’avait pas fini de parler, qu’il lui avait donné un coup de maillet tel, qu’il écrasa, comme un escargot, son casque et sa tête à la fois.

Keranrais, en voyant cela, se mit à rire à grince-cœur :

— S’ils restaient tous, comme celui-ci, ils conquerraient le pays !

— Combien y en a-t-il de morts, bon écuyer ?

— La poussière et le sang m’empêchent de rien distinguer.

— Combien y en a-t-il de morts, jeune écuyer ?

— En voilà cinq, six, sept, bien morts. —

V

Depuis le petit point du jour, ils combattirent jusqu’à midi ; depuis midi jusqu’à la nuit, ils combattirent les Anglais.

Et le seigneur Robert (de Beaumanoir) cria :

— J’ai soif ! oh ! j’ai grand soif ! —

Lorsque du Bois lui lança ces mots :

— Si tu as soif, ami, bois ton sang !

Et Robert, quand il l’entendit, détourna la face de honte, et il tomba sur les Anglais, et il en tua cinq.