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XXIII


LE CLERC DE ROHAN
— DIALECTE DE CORNOUAILLE —




ARGUMENT


Jeanne de Rohan, fille d’Alain, cinquième du nom, vicomte de Rohan, et d’Aliénor de Porhoët, épousa, en l’an 1236, Mathieu, seigneur de Beauvau, fils de René, connétable de Naples[1]. L’histoire ne nous en dit pas davantage sur ces deux époux. Nos poètes populaires sont moins laconiques ; ils racontent très-longuement les aventures de Jeanne et de son mari, qu’ils appellent Mazé de Traonioli, traduisant en breton les noms français Mathieu et Beauvau[2]. La mère de celui qui écrit ces lignes entendit chanter, au dernier siècle, plusieurs couplets de la ballade dont ils sont le sujet à une vieille femme de la paroisse de Névez, et elle fut si frappée de la beauté de la pièce, qu’elle en fit une copie à l’aide de laquelle a été retrouvé le chant tout entier.




I


Il était une gentille enfant de la famille de Rohan ; il n’y avait plus d’autre fille qu’elle.

Entre douze et treize ans, elle consentit à prendre un mari,

Elle consentit à choisir entre barons et chevaliers.


  1. D. Morice. Histoire de Bretagne, t. 1, p. 23.
  2. Traon, val (anciennement vau), vallée et ioli, beau, louable. « Le français joli est breton d'origine, ou bien est resté en France depuis les anciens Gaulois. » (D. le Pelletier, Dictionnaire, col. 453.)