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CHANTS POPULAIRES DE LA BRETAGNE.

Et il prit un rossignol, et il le porta à son seigneur ;

Et le seigneur, quand il le tint, se mit à rire de tout son cœur,

Et il l’étouffa, et le jeta dans le blanc giron de la pauvre dame.

— Tenez, tenez, ma jeune épouse, voici voire joli rossignol ;

C’est pour vous que je l’ai attrapé ; je suppose, ma belle, qu’il vous fera plaisir. —

En apprenant la nouvelle, le jeune servant d’amour disait bien tristement :

— Nous voilà pris, ma douce et moi ; nous ne pourrons plus nous voir,

Au clair de la lune, à la fenêtre, selon notre habitude. —



NOTES


« Quelle grâce ! quelle malice ! s’écrie un des plus fins critiques français ; ne dirait-on pas une sœur de Juliette ayant laissé son Roméo dans le jardin ?[1] » La paraphrase de cette ballade, dans Marie de France[2], commence par le préambule suivant :

Une aventure vous dirai
Dont les Bretons firent un lai ;
Eostik a nom, ce m’est avis,
Si (ainsi) l’appellent en leur pays.
Ce est rossignol en français,
El nightingale en droit anglais.


  1. A. de Pontmartin, Causeries littéraires, xxxix (1859).
  2. Poésies de Marie de France, t. I, p. 314.