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L’ÉPOUSE DU CROISÉ.

riture dans le même vase ; elles s’asseyeront à la même table. —

Peu de temps après, elle était belle à voir la cour du manoir du Faouët toute pleine de gentilshommes, chacun avec une croix rouge sur l’épaule, chacun sur un grand cheval, chacun précédé de sa bannière, et venant chercher le seigneur pour aller à la guerre.

Il n’était pas encore bien loin du manoir, que déjà son épouse essuyait plus d’un dur propos : — Ôtez votre robe rouge et prenez-en une blanche, et allez à la lande garder les troupeaux.

— Excusez-moi, mon frère ; qu’ai-je donc fait ? Je n’ai gardé les moutons de ma vie ! — Si vous n’avez gardé les moutons de votre vie, voici ma longue lance qui vous apprendra à les garder. —

Pendant sept ans elle ne fit que pleurer ; au bout des sept ans, elle se mit à chanter.

Or, un jeune chevalier, qui revenait de l’armée, ouït une voix douce chantant sur la montagne.