Page:Barzaz Breiz, huitième édition.djvu/240

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
146
CHANTS POPULAIRES DE LA BRETAGNE.
XIX


L’ÉPOUSE DU CROISÉ
— DIALECTE DE CORNOUAILLE —




ARGUMENT

A quelques lieues de la jolie petite ville de Quimperlé, qui semble flotter sur les eaux d’Izol et d’Ellé, comme une corbeille de feuillage et de fleurs sur un étang, on trouve, en allant vers le nord, le gros village du Faouët. Les anciens seigneurs de ce nom, brandie cadette de la noble et antique famille de Goulenn, ou Goulaine, selon l’orthographe vulgaire, tiennent une assez grande place dans l’hisloire de Bretagne, et la poésie populaire les a pris pour sujet de ses chants. D’après elle, l’un d’eux, parlant pour la terre sainte, confia sa femme aux soins de son beau-frère. Celui-ci promit d’avoir pour la dame tous les égards dus à son rang ; mais à peine les croisés eurent-ils quitté le pays, qu’il essaya de la séduire. N’ayant pu y réussir, il la chassa de chez lui, et l’envoya garder les troupeaux. Une ballade très-répandue aux environs du Faouët et dans toute la Cornouaille conserve le souvenir du fait, qu’elle dramatise comme on va le voir.




— Pendant que je serai à la guerre pour laquelle il me faut partir, à qui donnerai-je ma douce amie à garder ? — Conduisez-la chez moi, mon beau-frère, si vous voulez : je la mettrai en chambre avec mes demoiselles ;

Je la mettrai en chambre avec mes demoiselles, ou dans la salle d’honneur avec les dames ; on leur préparera leur nour-