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INTRODUCTION.

des poëtes modernes de la Bretagne française, du pays de Galles, de l’Irlande et de la Haute Écosse.

Une foule de noms d’hommes, de peuples, de lieux mentionnés dans les écrits des Anciens sont communs à ces différents pays, ou ont des racines communes.

Les dictionnaires bretons, gallois, irlandais et gaëliques ofrent une multitude de locutions semblables exprimant la même idée, et l’on pourrait, à l’aide de ces dictionnaires, composer un vocabulaire dont chaque expression appartiendrait à chacun des idiomes cités en particulier, et à tous en général.

Enfin, leur grammaire présente des caractères fondamentaux identiques.

Donc la langue des poëtes modernes de la Bretagne, du pays de Galles, de l’Irlande et de la Haute Écosse représente, plus ou moins, quant au fond, celle des anciens bardes ; elle appartient à une couche aussi évidemment celtique que les idiomes romans appartiennent à une couche latine.

Les chantres fameux dont les arrière-descendants se font entendre encore dans les mêmes contrées, passaient pour originaires de la Grande-Bretagne[1]. Initiés comme les augures à la science divinatoire, ils partageaient avec les druides la puissance sacerdotale, et formaient, dans la société, une des classes les plus honorées[2].

Le plus ancien monument qui en fasse mention remonte à quelques siècles avant l’ère chrétienne.

Plusieurs vieux historiens, dit Diodore de Sicile, Hécatée entre autres, nous apprennent qu’il y a une île de l’Océan, opposée à la Gaule celtique et située vers le nord, où le Soleil est adoré par-dessus toutes les divinités. Les habitants le célèbrent perpétuellement dans leurs chants, lui rendent les plus

  1. Disciplina in Britannia reperta. (Caæsar, De Bello Gallico, lib, VI.)
  2. Strabon, Geog., IV, p. 248.